UQAM - Université du Québec à Montréal Faculté des sciences humaines
Chaire de recherche du Canada sur la question territoriale autochtone

Premier axe de recherche:Les problèmes de la judiciarisation de l’histoire autochtone

Le premier axe de recherche de cette chaire s’inscrit dans le cadre de la réflexion épistémologique sur l’écriture de l’histoire autochtone. Nous entendons y contribuer à travers un angle précis : celui des problèmes soulevés par la réalisation de recherches historiques sur les Autochtones dans un contexte juridique où l’histoire sert de fondement à des droits spécifiques. Ces problèmes se manifestent plus ouvertement dans les travaux résultant de mandats confiés par des organismes gouvernementaux ou par les Premières Nations, mais la « commande » n’est qu’une des manifestations des pièges de la judiciarisation de l’histoire autochtone. Les implications du carcan juridique débordent largement le cadre de la recherche commandée : elles imprègnent de diverses manières le regard que les chercheurs des sciences sociales et humaines portent sur le passé des Premières Nations ou sur des tranches spécifiques de ce passé susceptibles d’appuyer ou de contester des droits.

Si les débats juridiques des dernières années ont stimulé les recherches sur l’histoire des Autochtones, ils ont aussi contribué à l’enfermer dans des problématiques et des questions propres au droit. Une des tendances courantes en cette matière consiste à analyser l’histoire en fonction des critères de la jurisprudence. Non seulement l’histoire est-elle placée au service du droit, mais elle en intègre, souvent de manière implicite, les critères et les normes. Cette dynamique a créé, par exemple, de nouveaux « tabous », figeant certaines interprétations en dogmes qu’il faut se garder d’attaquer. À travers ce premier axe de recherche, il s’agira d’analyser les impacts de la jurisprudence sur les études historiques traitant des Autochtones. Le territoire autochtone se présente comme un champ d’investigation privilégié pour une réflexion sur l’instrumentalisation de l’histoire, dans la mesure où la quasi-totalité des droits qui sont revendiqués ou contestés ont une portée territoriale, qu’il s’agisse des territoires ancestraux, des terres fréquentées pour la chasse ou encore des réserves.

UQAM - Université du Québec à Montréal  ›  Mise à jour : 29 novembre 2006